INTERVIEW PUSSE

 

Après plusieurs experiences, telles que le cirque, le théatre de rue, un duo avec Pik...., PUSSE est le véritable antidote à l’aseptisation de la chanson française. Muni de son accordéon et de sa voix de «mangeur d’enfants», Pusse s’est entouré d’ une multitude de musiciens, d’horizons divers (experimental, jazz,......), pour donner naissance à son premier album : «SOUPIR LEGER». 16 titres qui donnent le sentiment de visiter une galerie d’art brut avec les oreilles. Non jalousés par les yeux, grâce aux excellentes photos/mon- tages qui donnent un aspect théatral collant par- parfaitement à l’ambiance du morceau illustré. Une totale réussite, un réel plaisir à plonger dans son univers, où l’artiste jongle, avec originalité et qualité, sur fond tragi-comique et complétement déglingué, bourré de talent. Un honneur au P36, que de vous faire partager le temps de quelques pages, l’unique PUSSE.

 

Tu es actuellement en répét. En plus de bosser en solo, tu joues dans un groupe, de qui s’agit-il et de quel genre est-ce ?

Je joue de la guitare dans MAMI CHAN BAND. C’est assez Pop, un peu bizarre,l’impression d’être sur une autre planète. Avec un coté un peu sucré, mais un peu ambigu en même temps.

Peux tu me parler de ton duo avec Pik avant que l’on parle de «Soupir léger» ?

Pik était au synthé. Et on avait pas mal d’instruments, que l’on se repassait. C’était pas mal avec des guitares en plastique etc... Un univers que l’on peut retrouver dans Pusse, dirigé dans un sens différent. Sinon c’était assez Pop, bricolé. On a sorti deux cassettes autoproduites, avec des morceaux qui duraient une minute. Et par la suite, on a fait un cd, où l’on avait invité plein de gens, dont une bonne partie de Mami Chan Band. Ensuite ça s’est terminé, Pik joue dans un groupe de comptines pour enfants de tous les pays, assez bruitiste. C’est marrant et assez zarbi.

Tu restes en contact avec lui, en fait ?

Bien sûr, on s’est dit, que l’on allait peut être recommencé à faire des choses ensemble.

Ton album «SOUPIR LEGER» donne l’impression d’un travail de longue haleine, cela fait longtemps qu’il germait en toi ?

Cela a commencé deja au moment de PIKPUS, en 95/96. Cela vient du fait, qu’il y avait un aspect chanson, dans lequel je ne me retrouvais pas forcément au sein du duo, et j’ai donc poussé d’autres choses. Ensuite, j’ai trainé les morceaux pendant trois/quatre ans. Ils ont connus beaucoupde changements au fil du temps. Au départ, l’aventure Pusse, était une cassette autoproduite. Faites sur quatre pistes avec des distos partout et un son assez thrash, mais sur a peu près les mêmes mélodies. Ensuite, il y a eu beaucoup de scènes, sous diverses formations, ce qui a permis aux morceaux de mûrir petit à petit.

Soupir léger est sorti une première fois, et ensuite c’est Christian Olivier des TETES RAIDES qui t’a proposé de le ressortir sur le label MON SLIP, comment tout ça s’est passé ?

Au début je l’ai eu au téléphone et ensuite, je lui ai envoyé le disque. Ils étaient en tournée à ce mo ment là, suite à la sortie de leur disque. Ce qui fait, qu’il m’appelait tous les deux mois, en me disant qu’il n’avait pas trop le temps, mais qu’il écoutait petit à petit. Ensuite il m’a rappelé en me disant qu’il voulait que l’ on discute, car il accrochait sur plein de trucs. L’album a été ressorti tel que le pre- mier tirage ?C’est le même, sauf qu’il a été remasterisé. La pochette a changé, pour marquer un petit peu le coup. Mais ce sont les mêmes morceaux. Il s’agit donc d’une production Mon Slip, label crée par des membres des TETES RAIDES . En distrib Wagram.

On peut dire que ta vie a changé depuis tout ça ?

Oui, parce que j’ai beaucoup tourné, et cela faisait longtemps, que j’attendais ça.

L’album est sorti le 23 octobre, quelles sont les premières répercussions ?

En fait, c’est assez divisé, même au niveau du public sur scène. Notamment lorsque nous avons joué en première partie des Tetes Raides, où le public était assez partagé. Il y a des gens, qui marchent tout de suite, et d’autres pas du tout. Voir qui sont carrément contre.

Comment te situes tu par rapport à la chanson française ?

Je n’ai pas vraiment de définition, je viens plutôt d’un milieu Pop Rock.

Genre Tom Waits par exemple ?

Bien sûr, il a une terrible influence sur moi. Cela s’entend. J’ai découvert un disque de lui assez jeune, et cela m’a changé un peu la tête. Mais je n’ai pas vriament de définition. Après c’est sûr, que c’est de la chanson, même si sur scène, cela prend une tournure un peu plus musicale. A chaque morceau, on a l’impression de changé plus ou moins d’ambiance ou d’univers, ce qui te donne une véritable identité.

C’est avant tout ce que tu recherches ? Et qu’écoutes tu sinon ?

Toutes les choses que j’aime bien, sont justement très marquées par leur propre identité. Après ce que j’écoute est assez varié, cela peut aller de la musique electronique, des choses assez Pops... Il y a un gars que j’adore, c’est DODES KADEN, qui a sorti un disque sur un label belge, et il a fait un truc, qui est très beau. Cela me vient à l’esprit, car tu me poses la question, même si ce n’est pas forcément, ce que j’écoute en ce moment. J’écoute pas mal aussi d’électro japonaise.

Et au niveau des textes, quelles sont tes principales sources d’inspiration ?

Pour l’instant je ne sais pas trop en fait, ah si il y a un gars que j’adore qui s’appelle DUT. Il chante des chansons et joue de la contrebasse dans desspectacles de rue. Il a des textes presque «cucu», mais qui sont très jolis. Il m’a bien marqué. Après au niveau des textes, je ne sais pas trop, d’où cela vient, sûrement de lectures, peut être aussi d’un humour que j’ai développé.

A ce sujet dans le morceau «Underground», tu dis : «Mon penchant pour l’art brut, me pousse à faire d’l’art prout», quelle est ta définition de l’art brut ?

Je n’en ai pas vraiment. Il y a la définition de Buffet, qui me convient bien, mais qui est un peu obsolète maintenant. C’est difficile d’être coupé du monde aujourd’hui. J’aime bien l’art «outsider», j’aime bien les choses, avec rien du tout et où l’on sent une personnalité derrière très forte.

La réalisation du livret avec les photos/montages à chaque morceau est une idée de toi ?

C’est un travail collectif avec Yama. Au départ, j’étais parti sur l’idée de faire une photo tout au fond, tout nu, et faire ensuite un systeme de transparent. Mais cela était trop onéreux, donc on fait ces photos/montages.

Et j’allais oublier, ta définition de l’art prout alors ?

Eh bien, c’est peut être le morceau «Underground» justement. J’en ai encore d’autres derrière les fagots.

Quel est ton rêve et ta hantise ?

Le rêve est assez accessible pour l’instant, il est assez sage, à moins que tu ne préférés un rêve pas sage du tout ?

Tant qu’à faire !

Alors, mon rêve serait d’avoir une maison avec ma copine, et un gros studio pour faire de la techno dans la nature. Ah non, j’ai un vrai rêve fou, ce serait de faire un duo avec MylèneFarmer.

Et là, ce serait de l’art brut ou de l’art prout ?

Je ne sais pas ce que cela donnerait, mais cela serait rigolo.Après sur le coup là, je n’ai pas de hantise particulière.

Je ne sais pas, que je raconte des conneries dans l’interview retranscrite ?

Ma hantise serait de ne pas pouvoir répondre à une question, lors d’une interview.

Là tu gagnes un point, sinon niveau scène, tu as surtout fait des dates sur Paris ?

En fait, à la sortie du disque, on a fait une vingtaine de dates en première partie des Tetes Raides. En tout, on a fait une trentaine de dates en trois mois. On a fait aussi des concerts seuls.

Vu la notoriété des Tetes Raides, vous vousretrouvez dans des grandessalles ? Alors qu’à l’ écoute de«Soupir Léger», on s’attend plus à te voir dans des salles plus intimistes. Tu as une préférence ?

J’aime les deux, c’est pas du tout le même rapport au public. Par exemple, on vient de faire quatre dates au théatre de La Main D’Or, à Paris, c’est une salle où en général , avec un travail de lumière, on crée une ambiance plus intimiste. Alors que pour les premières parties, quand il y a 1500 personnes, il faut frapper un peu plus fort. C’est une autre approche, en plus comme il s’agissait de première partie, les gens ne nous attendaient pas, il fallait faire assez court et très dense.

Et tu es toujours entouré des mêmes musiciens sur scène ?

Ce sont des gens qui ont participé au disque. Il y a Thierry Bartalucci, qui a composé «Toi et moi», et qui est un excellent accordéoniste. Il y a Sylvain, qui a fait l’arrangement de «Pigeon», pour la fanfare, qui vient faire du trombone, du banjo.... Puis il y a Rocco, qui a fait des percussions sur «Le fantôme de la cave à vin», il fait des percussions très bizarres, des bouts de métal sonorisés. Il a tout un coté bricolage. Il fait des sons avec des lames à rasoir....

Vous avez des concerts de prévu prochainement ?

Là, on va faire un break, jusqu’à fin janvier. Et on va reprendre ensuite. Il y a aussi un projet résidence au printemps à Lagrasse. En fait, c’est en train de prendre, plus une tournure de groupe que de projet personnel. Et le prochain, on va le faire tous les quatre ensemble.

Et vous avez deja commencé à composer, pour le prochain al- bum ?

Oui, on fait deja tourner des morceaux sur scène, et qui seront sur le prochain disque. Et puis, on va en peaufiner d’autres. Je pense que la résidence à Lagrasse, sera un bon moyen, pour faire tout ça.