INTERVIEW BRIGADA FLORES MAGON

 

 

Plus qu’un groupe, BRIGADA FLORES MAGON fait partie d’un collectif en éternel effervescence, où engagement et musique sont sans concession. Des premices en 93, il ne reste que Matéo (chant) et Victor (guitare). Un line up qui évoluera au fil du temps, avec un passage remarqué de Raymonde (basse) sur le premier album et sur «anges gardiens». Actuellement on retrouve Jeremya (guitare) et Ludo (basse), officiants également dans J’AURAIS VOULU. Sans oublier Julien (batterie) qui répondra aux questions de P36. Ce nouvel opus 6 titres, sorti en novembre dernier, marque une nette évolution, pour ce combo, qui devient désormais une référence de la scène Street Punk. Une stature forgée deja auparavant, en ayant écumé bon nombre de scènes françaises, mais aussi le Chili, l’Italie, la Suisse, l’Espagne ou encore le Pays Basque.

 

Niveau production, on vous a retrouvé chez MAD BUTCHER (pour un ep), chez CRASH, pour le premier album et vous voila retrourné à l’autoprod en quelque sorte avec votre label MACHETTE RECORDS ?

L’anecdote avec Mad Butcher, qui est un des premiers labels européens, est qu’il nous avait contacté pour travailler avec lui. Et que les deux morceaux qui figurent sur le 45 tours, sont en fait des morceaux d’une maquette démo pourrie, que je lui avais envoyé, afin de trouver des concerts en Allemagne. Il nous a proposé de sortir un split avec un autre groupe espagnol, pour le nom du disque il nous avait proposé «No Pasaran», ce qui nous convenait parfaitement. Mais quand le truc est sorti dans les bacs, il s’appelait «international socialisme», alors que nous, on est tout sauf marxiste ou léniniste, avec en plus au dos du disque, un mec avec de drapeaux chinois, cubain et même un, avec la gueule à Lénine. Donc on l’ a appelé, car sur le principe, on était vraiment surpris qu’il ait changé de nom sans nous en avertir. C’est authetiquement ridicule, lorsque tu vois notre logo, qui représente l’autonomie ouvrière, et cinq centimètres à coté, tu as la gueule à Lénine. Et ça, on le traîne encore comme un boulet. Donc on a stoppé la collaboration avec lui.

Et avec CRASH DISQUES, comment cela s’est passé ?

Avec Crash, c’était différent. Cela s’est fait du fait que Raymonde faisait partie du groupe. Il faut savoir, qu’à la base, Crash est un label associatif, qui a été monté par François de Raymonde & les Blancs Becs et Marsu. Au départ, ils l’avaient monté, pour produire les albums de Raymonde & les Blancs Becs. Même si ensuite ils ont porduits d’autres groupes. Donc ayant Raymonde au sein de Brigada, il était évident que l’on se retrouve chez Crash Disques. De plus cela nous branchait de soutenir, ce coté associatif et l’idée alternative. Après, je dois dire, que nous ne sommes pas très satisfait du non boulot de Marsu. Il n’y a pas eu d’embrouille avec Crash, mais on s’est rendu compte que ce qui était fait, on pouvait le faire nous mêmes.

MACHETTE RECORDS, c’est votre propre label en fait ?

C’est un label associatif, que l’on a monté nous mêmes, en distribution TRIPSICHORD. Pour l’instant, il n’y a que BRIGADA, mais à l’avenir il risque d’y avoir d’autres jeunes groupes.

Ce nouvel opus marque une évolution et démontre toute une dynamique autour de BRIGADA, pour la scène actuelle ?

C’est évident que l’on assiste, à un super revival, et toute modestie, mise à part, on a le sentiment de faire partie des groupes «phares» de ce revival, toutes proportions gardées bien sûr. Sans non plus en prétendre l’exclusivité.

Et d’après toi, ce revival, a pris toute sa dimension, ou ce n’est encore qu’un début ?

On a vu des groupes sur scène, qui nous ont dit, qu’ils s’étaient mis à la musique, grâce à la Brigada. Ils nous connaissaient deja avant de faire de la musique, car pour beaucoup ce sont des militants, de Bordeaux, Toulouse...... et le fait de venir à nos concerts et de voir que nous étions des mecs comme eux,cela les a motivé à monter des groupes.

Pour ce qui est de la culture musicale, vous partagez tous la même ?

On ne va pas se mentir, c’est avant tout, ce qui fût appelé par un temps, le Rock alternatif. Mais pas seulement. Personnellement j’ai joué dans un groupe de hardcore old school, j’ai la complète de Bob Marley, du Deep Purple, Led Zep, Jean Sébastien Bach.... En vynils j’ai toute la Oï anglaise de 76 à nos jours, excepté les trucs fachos.

Justement, encore de nos jours, demeure une certaine ambiguité, au niveau de la scène Oï en France, quelle est votre position ?

Nous en fait, le postulat de la Brigada, a été de faire mentir tous ces groupes de Oï, qui se disent apolitiques, alors que dans leurs concerts, on sait pertinament, qu’il y a «à boire et à manger». Alors que nous, on sait très bien qu’il n’y a pas un faf dans la salle. Cela nécessite dans l’engagement, qu’il y ait un engagement clair et net. Sans pour autant, signer dans un parti, ou prendre une carte, à telle ou telle organisation, mais juste dans les propos. Le drame avec certains groupes, que je ne citerai pas, pour ne pas en faire de la pub, estqu’ils prennent, un soin tout particulier, pour ne froisser personne. C’est pour cela que nous on écrit : « we are the reds», dans l’un de nos morceaux, alors que l’on est tout sauf rouges, les mecs comprendront que l’on est beaucoup plus noir que rouge.

Il y a quand même eu une évolution ces dernieres années ?

Oui, il y a de plus en plus de public. Dans lequel on retrouve de plus en plus de skins et de moins en moins de fafs. Il est de plus en plus facile désormais, d’assumer sa dégaine de skin, sans être pris pour un facho. Même face, à des lascars de cité, si tu leur dit que tu es skin anti fasciste, ils te lachent la grappe. Moi j’ai 33 ans, et je suis dans le mouvement depuis 85, jusqu’en 93/94, les skins à Paris, c’était 99,999% de fefas. Il y a eu un mouvement skin en Europe, à la fin des années 80 qui était facho. D’où l’intérêt du délire Redskin et compagnie, et aujourd’hui, on a une scène neski qui se développe, en sachant pertinament que le pendant facho est ultra minoritaire. Les groupes Oï fafs de l’époque, soit ils ont splittés, soit ils ont viré dans la Pop, ou le Rock identitaire français, parce qu’il n-y a plus un réel public nazi. Et ça on peut être fier de le revendiquer, on n’est pas les seuls bien sûr, mais dans les concerts de la Brigada, il y a toujours beaucoup de punks, beaucoup de skins, mais aussi de plus en plus de monde, qui ne sont , ni l’un ni l’autre. Cela se diversifie vachement et c’est tant mieux.

Et niveau concerts, justement ?

On privilégie les concerts associatifs, plutôt que les endroits, où les mecs sont uniquement là, pour vendre de la bière.

C’est une démarche politique à la base ?

C’est une démarche militante. On ne compte plus les premiers concerts d’assos que l’on a fait. Cela nous fait plaisir de contribuer à ce que les assos évoluent.

Et en dehors de la Brigada, on peut parler d’engagement quotidien ?

On est tous à la CNT. Avec les concerts, on essaye de faire des étapes de convivialité, où les gens peuvent échanger des idées, apprendre des choses, mais aussi nous en apprendre. Cela se passe aussi bien dans des squatts, que dans des lieux auto gérés ou des MJC, et cela inquiète les pouvoirs. Après ce qu’il faut savoir, c’est que l’on ne prêche pas dans nos chansons, on parle de notre quotidien, qui est empreint à nos convictions. On essaye d’avoir une éthique rigoureuse et une certaine honneteté. Ne serait que par rapport au prix des disques. Je ne te dis pas, comme on a du casser les couilles à la fnac pour que le cd soit au prix, que l’on voulait. C’est très important pour nous, car tu ne peux pas avoir un discours et coucher avec le systeme.

Pour la pochette d’ «anges gardiens», cela représente votre univers ?

C’est marrant car les mecs de PUNK RAWK nous ont posé la même question, pour l’interview qui va sortir d’ici quelques jours. En fait c’est du second degré. Mais c’est vrai, que c’est tellement une «private joke», que cela en devient ambigu et perd les gens. Il y a tellement de fantasmes sur nous, que nos détracteurs, sont prêts à inventer n’importe quoi sur nous, pour des raisons politiques entre autres. Comme lorsque l’on va jouer dans des endroits, des organisateurs, nous disent avoir entendu de tout sur nous, et s’attendent a voir arriver une bande de sauvages. Donc cette pochette, c’est un peu du : «vous voulez de l’ultra violence, alors en voila!». Ce qui est bien, c’est que ça contrebalance avec tous les remerciements qui sont derrière. Mais c’est vraiment private joke, après, si des mecs le prennent au premier degré, le coté skinhead bourrin. En plus, pour le mec qui nous cassent les couilles, le message est clair, et pour le mec qui nous connaît bien, il est mort de rire. En tout cas, cette pochette est efficace, car elle fait réagir tout le monde.

Quel est votre rêve et hantise ?

Le rêve de la Brigada, serait d’arriver un jour, à pouvoir ne faire que cela. Je suis le seul intermittent, et non pas grâce à la Brigada. Après la hantise, par extension, serait que tout s’arrête. Après si tu vas plus loin, le rêve serait de gagner au loto et la hantise, de perdre le ticket gagnant.

Vous avez deja des répercussions sur «anges gardiens», une estimation des ventes ?

Oui, on doit être à 1600, en à peine un mois. Après il y a plein de plans qui se mettent en place, donc on est très content.

On remarque une nette évolution par rapport à l’album précédent, notam- ment niveau son ?

Pour l’anecdote, les six titres ont été enregistré en deux après midi, chez un pote. Donc l’un des rêves aussi serait d’avoir le temps et les moyens d’enregistrer, dans des conditions moins speeds.

Vos projets ?

On a une vingtaine de dates à venir dans l’immédiat. La suisse début février. L’Italie fin février avec la Banda Bassoti.

 

 

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