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INTERVIEW ONEYED JACK
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Après
un «stand by» de deux ans, la machine ONEYED JACK se réactive en sortant un
nouvel album, dont la sortie est prévue pour le 9 mai 2001. Pour ceux qui auraient
louper un chapitre, ONEYED JACK compte à son actif deux albums (CYNIQUE en 95
et ARISE en 98) sans oublier quelques maxis d’inédits ou de remixes. Mais la
particularité de ce combo est qu’il est une véritable bombe infatigable sur
scène avec plus de 500 concerts en 6 ans. Refusant toute étiquette, ONEYED JACK
revendique l’ouverture d’esprit. «PREPRARE TO REACTIVATE» est donc le nom de
ce nouvel album comprenant 12 titres sans consession. A partir du 11 mai, ils
entament le «sriracha tour» (avec LOFOFORA/ WATCHA/ BLACK BOMB A) pour une quinzaine
de dates à travers la France. Début avril, BEFA répondait aux questions de P36.
Alors pour commencer, ce stand by était un choix ou plutôt une obligation ?
C’était à la fois un choix et une obligation. C’était une obligation dans le sens, où l’on pétait les plombs, on s’est quand même enchainé six ans d’actualité à fond, avec 500 concerts, deux albums, on était à donf. C’était aussi une obligation dans le sens, où l’on avait un peu de mal à continuer ensemble. Et puis le choix était donc de s’arrêter et de prendre un peu l’air, pour arriver à reprendre plus tard. On peut dire que c’était une obligation choisie, un genre de choix tactique.
Il n’y a pas eu un moment où vous avez eu envie de refaire carrément autre chose, quelle a été l’étincelle qui vous a permis de repartir ?
Si bien sûr, mais dans le fond, tout le monde avait envie de faire repartir le truc. En plus y’avait SRIRACHA et YELEN derrière, qui fait, qu’il y a quand même du monde qui te donne une chance et que l’on serait bien bourgeois de ne pas en profiter.
J’imagine qu’il devait y avoir également une demande au niveau du public ?
Ouais, aussi au niveau du public. C’est une chose importante aussi, mais il faut bien voir , que le public ne gère pas au jour le jour une vie de groupe. Et ça, c’est un truc chaud à gérer. Tous ces groupes que tu as vu splitter au bout de dix ans, eh bien faut se dire que de tenir 10 ans, c’est un énorme boulot. Surtout qu’en France, tu ne remportes pas un enthousiasme délirant de la part du public, donc c’est vraiment un boulot de fond qui est dur à gérer. En plus faut gagner du blé, et on peut pas dire que les ONEYED ont été super rentables.
A ce propos, combien d’exemplaires de «ARISE» ont été vendu par rapport à «CYNIQUE» ?
6000 pour «ARISE», deux fois moins que pour le premier. Le premier est sorti à l’époque NO ONE, et la fusion était à la «mode».
Malgré tout, on peut dire que vous influencé pas mal de jeunes combos, cela doit faire plaisir ?
Evidement, ça fait très plaisir, même plus que ça, cela donne envie d’aller plus loin et d’en faire encore plus. Mais ce n’est pas si facile que ça. Y a des gens qui te connaissent depuis des années, c’est toute une machine à faire fonctionner et ce n’est pas toujours forcément évident.
Pour le nouvel album, vous dites vous tourner vers des compos moins violentes mais plus senties. Serait ce un des fruits portés par votre stand by ?
On a tous évolué avec la musique d’aujourd’hui, sans avoir changé pour autant. Je pense que cela reste toujours dans la même vibe. Seulement, je pense que tu as moins envie de faire du hardcore à 27 ans, qu’à 19. A 19 ans, tu as plus la haine brute, alors qu’à 27, t’as envie de faire de la musique. Et si les trucs n’évoluent pas, ça n’a aucun intérêt.
Et pour les textes, vous aviez pour habitude de parler de faits d’actualité, comme le racisme par exemple, pour ce nouvel album, vous allez traiter d’autres thèmes ?
C’est d’autres thèmes qui sont abordés. On parle toujours du racisme, car c’est toujours d’actualité. Mais désormais les textes sont abordés d’une manière moins fédératrcice. C’est pas comme pour «LE POUVOIR», où le message était clair. Cette évolution rentre dans le même sens que l’évolution musicale, dans la question précédente. Ce qui est sûr c’est que les textes sont moins fédérateurs. On a toujours vu la musique, dans le sens musicalité du terme. Et pour les paroles, c’est la même chose. Il n’y a pas vraiment de message à faire passer, sauf celui de kiffer la musique dans son ensemble.
Vous avez repris la scène, voyez vous une différence par rapport à deux ans en arrière ? Par exemple que penses tu de cette scène dite «néo métal» actuelle ?
On recommence à faire des concerts, et à partir du mois de mai, on repart avec le Sriracha Tour. Après j’imagine que le néo métal est le style, un peu à la Korn. Ca on l’a vu en finissant la tournée, il y a deux ans. On a bien vu qu’il y avait plein de groupes qui jouaient, en s’accordant plus bas. Je n’auarais pas vraiment un avis objectif, car on recommence seulement à tourner, mais j’espère que ce néo métal, va passer comme une influence digérée. A l’époque, où l’on finissait la tournée, ça ne passait pas comme une influence digérée, tu voyais tout un tas de jeunes groupes qui jouaient tous la même chose. Ils s’accordaient tous un octa ve en dessous ou s’accordaient en do ou en mi à la guitare, ce qui donne de suite un truc beaucoup plus gras, à la Korn. C’est bien pour faire évoluer la musique et le Métal, mais il y a quelques années, c’était que de l’erzatz en fait. A mon avis bien sûr, maintenant, je ne pourrais pas te dire, car on n’a pas assez tourner.
Qu’est ce qui vous inspirent musicalement ?
Un peu tout.
On peut parler de fusion, avec ONEYED JACK?
Non, parce qu’à la limite, pour nous c’est plus du Rock. Du Rock qui a évolué, car il ne peut pas être le même que celui d’il y a dix ans.Alors qu’on appelle ça Fusion ou autre chose, on s’en bat un peu les couilles.
On sent tout même, une certaine culture Hip Hop ?
ouais, il y a une grosse culture Hip Hop même. Le Dj et moi, on écoute pratiquement que du Hip Hop et d’ailleurs, on sort un album de Hip Hop. Dj Oneyed et moi même, sous le nom de KRONICKBASS. On a un album qui se vend sur le net pour le moment (http//wwwkronickbass@multimania.fr et http//wwwkronickbass.com). Tu peux écouter des MP3 et tu peux surtout commander le skeud.
C’est entièrement de l’autorprod à ce niveau ?
Ouais, on a tout fait, on a fait les sons, on fabrique le skeud nous mêmes, on fait les pochettes nous mêmes, on les vend nous mêmes, on les promotionne nous mêmes. C’est la petite entreprise.
Que penses tu de la scène Hip Hop justement en France, penses tu qu’il y ait assez de structures ?
Je pense qu’il y a assez de structures pour accueillir les groupes car c’est devenu un peu un lien social entre le gouvernement et une certaine jeunesse. Le gouvernement s’est aperçu que le Hip Hop pouvait être un lien social. Mais je n’ai pas l’impression, que ce soit super bien organisé pour le moment. A part ça, je vois qu’il y a des tonnes de groupes qui sortent de l’ombre, et ça s’est bien. Après, je ne sais pas où ça ira. Mais ça fait bouger les choses et c’est bien.
Quel rapport avez vous avec la presse indé ?
Oneyed Jack à chaque albums, les a envoyés à tous les fanzines. Donc on a un lien étroit avec la presse indé, on a toujours été à fond là dessus.
Cela va en accord avec votre label YELEN MUSIQUES, peut on dire que vous bénéficiez des avantages d’une major et de l’efficacité d’une prod proche de vous grâce à l’équipe de Yelen ?
Yelen est un petit label au sein d’une grosse boite. Il y a deux personnes à qui tu parles et non pas vingt cinq. Yelen a une vision de la musique, qui est plus proche de l’underground. Ils savent de quoi ils parlent, avec les années. Je ne te dirai pas que tous les groupes qu’ils ont signés au fur et à mesure, sont des groupes avec qui j’ai des affinités incroyables, mais je sais qu’au niveau de la vib, et au niveau de la sensitivité, tous les groupes qui sont sur Yelen, sont des gens qui humainement valent le coup de faire de la musique.
Sur le CD promo, figure un flacon avec des géllules, de quoi s’agit t’il ? Elles servent à se réactiver ?
C’est plus pour le coté design qu’on l’a pris. Après coté signification, derrière, il y a une espèce de seringue aérographe. L’ambiguité est de mise. Je te l’accorde, même si on ne l’avait pas prévu. Il n’y a pas eu de concept autour de ça, le mec qui a fait la pochette, on lui a dit de faire comme il le sentait. Après quand on a vu la pochette, on a trouvé ça nickel au niveau du design. La signification profonde du truc, chacun le prend comme il veut. Si tu as envie de voir des ecstasys dans la boîte, c’est des ecstasys. Si tu as envie de voir des vitamines C, alors c’est des vitamines C.
Et toi personnellement qu’y vois tu ?
Moi, je n’y vois rien de special, j’y vois une boîte de géllules sur un fond blanc, avec du jaune. Je trouve que ça tape bien, comme si ONEYED JACK était un médicament.
Un antidote peut être ?
Voila un antidote, ou quelque chose comme ça. Disons, que l’on ne fait pas la promotion des drogues ou de quoi que ce soit. C’est pas le but du jeu. C’est plus au niveau design, au niveau chirurgical. Et pas autre chose.
L’inévitable question en plus à froid, rêve et hantise ?
Pour le rêve, c’est le fait que ça marche, qu’on vende un minimum de skeuds? Je ne te dis pas un million mais un minimum pour que l’on puisse continuer à faire fonctionner la machine dans tous les sens. Mon rêve serait de réussir à faire de la musique et ne plus travailler.
Ca veut dire qu’actuellement ce n’est pas le cas ?
Actuellement ce n’est pas le cas et en plus, ça ne l’a jamais été d’ailleurs.
Et sinon êtes vous de l’avis de WATCHA qui se plaint des gravages de CDs faisant ainsi diminuer les ventes ?
C’est hyper ambigu comme truc, le gravage de Cds porte évidemment préjudice. Mais à la fois, à qui peux tu enlever la liberté, d’enregistrer un cd. C’est comme enregistrer une cassette à la limite. Qui peut prétendre enlever la liberté à quelqu’un de graver un CD. nous mêmes, pour KRONICKBASS, on les grave nous mêmes les cds. C’est aussi une petite liberté donnée aux gens de faire leur truc, sans passer par l’industrie du disque. A travers Yelen, c’est aussi ça le message qui est, on a les avantages d’une grosse structure en gardant tout de même cette idée que l’industrie du disque ne doit pas être maîtresse du monde du disque. Comme cette grosse histoire sur Napster qui est rachetée. Napster, ça va toujours exister à la différence qu’avant, c’était dix petits keums qui faisaient circuler de la musique dans tous les sens et gratuitement. Alors que maintenant ça va être une ou deux maisons de disques qui vont vendre. Remplacer une liberté par un gros business, on y perd forcément. Même si avant ce n’était pas vraiment notre avantage niveau droits d’auteur. Mais je préfère quand même un keum qui balance de la zique gratuit, plutôt qu’une grosse maison de disques qui se mette cinquante balles dans la poche et puis toi finalement : rien. Car actuellement sur le net, il n’y a rien de défini, il n’y a aucune loi.
Et pour en revenir à la hantise ?
Mes rêves originels par rapport à la musique sont tellement tombés depuis le début, que je n’ai plus de hantise.
Mot de la fin ?
Venez nous voir en concert, le nouvel album s’appelle «PREPARE TO REACTIVATE» et faut l’acheter.
TOURNEE ONEYED JACK Le «SRIRACHA TOUR» en compagnie de LOFO/WATCHA et BLACK BOMB A, passera par EPINAL / FRIBOURG / BRAINANS / LYON / VALENCE / MONTPELLIER / MARSEILLE / HASPERREN / TOULOUSE / CLERMONT FERRAND / BORDEAUX et NANTES courant mai, pour se cloturer le 1er juin au Bataclan. Pour connaitre les dates précises : www.sriracha-sauce.com |